En début d’année, je sollicitais trois collègues pour conduire une expérimentation dans le domaine de l’enseignement de l’orthographe. C’est ainsi que Martine Guillaume (Tournus), Michèle Thibaudin (Sennecey le Grand) et Caroline Payre (Ozenay) ont accepté de participer à un projet de marathon orthographique.
Ce projet visait plusieurs objectifs :
- Diversifier les types de dictées.
- Considérer les dictées comme un objet d’enseignement en inscrivant les élèves dans une démarche réflexive.
- Participer à un projet regroupant plusieurs classes (au total 59 élèves pour ce projet).
Les classes inscrites recevaient au cours de l’année scolaire trois épreuves. Chaque épreuve proposait trois activités : un travail de copie, une dictée de 20 mots et une dictée (dont le type était choisi au sein d’une liste référente d’activités). Chaque activité faisait l’objet d’une notation et un classement général était ensuite envoyé aux classes.
Les enseignants devaient, quant à eux, proposer aux élèves (entre deux épreuves) des activités de dictée variées et régulières afin d’inscrire leur classe dans une démarche de progrès.
L’observation attentive des épreuves individuelles ainsi que les expérimentations que j’ai conduites au sein des classes concernées m’amènent à faire les constats suivants :
- La copie : dans une grande majorité, les élèves avaient des difficultés à respecter la mise en page des textes proposés (oubli de la ponctuation, des majuscules, des sauts de ligne..). Il a fallu, à plusieurs reprises, rappeler la nécessité de faire attention en ce domaine. Au fil des trois épreuves de nets progrès ont pu être constatés pour l’ensemble des élèves. Le contexte de l’activité (notation et comparaison avec d’autres classes) a pu influer dans la mesure où il était dit aux élèves qu’il était facile de « gagner des points » avec un simple effort d’attention.
- La dictée de mots : les mots étaient choisis au sein de la liste référente du ministère (les 1500 mots les plus fréquents de langue française). Il a pu être constaté que l’orthographe des « petits mots » était indéniablement à travailler. Certaines fautes étaient aussi à mettre en relation avec le registre lexical plus ou moins riche des élèves.
- La dictée : Il a fallu que les élèves s’habituent à de nouvelles méthodes de travail. Le travail coopératif dans le cadre de la dictée négociée, la relecture individuelle dans le cadre de la dictée à 4 temps, l’affirmation de ses choix avec la dictée à choix multiples. Globalement si parfois la forme nouvelle du travail demandé a pu décontenancer les élèves il faut reconnaître que l’investissement de chacun a été réel (du plaisir à faire une dictée !?).
D’un point de vue des résultats, il est aussi notable qu’une très grande majorité des élèves a pour chacune des épreuves obtenus plus de 10 de moyenne (seuls 5 ou 6 élèves avaient moins de 10 pour les épreuves 1 et 2 et une seule élève pour l’épreuve 3). Sans mettre en exergue la note obtenue, l’observation des résultats par les élèves et les enseignants ne peut que les conforter/rassurer quant à leur capacité et donc les mettre en confiance pour pouvoir s’inscrire dans une démarche de progrès (et de plaisir!?).
A noter aussi qu’à posteriori, la logique de ce marathon orthographique me semble parfaitement s’inscrire dans la logique d’évaluation de la dictée proposée sur le site Eduscol : l’évaluation positive.
La notion de plaisir, d’investissement et de progrès a aussi été constatée par Caroline Payre au sein du bilan qu’elle nous fait de ce projet :
« Le projet en lui-même consistait à faire participer les élèves de CM à trois « courses » contre d’autres élèves de CM de la circonscription. Entre chaque « course », répartie sur l’année, chaque enseignant proposait des entraînements (à choisir parmi une liste distribuée par l’organisateur du projet) à ses élèves comme il le désirait. Ce projet, dans son organisation, m’a tout de suite plu car il nous laissait tout de même une certaine liberté dans sa gestion au quotidien.
Pourtant, quand j’ai annoncé à mes élèves que je les avais inscrits pour participer à un marathon orthographique, leurs réactions n’ont pas été des plus enthousiastes.
Les motiver pour qu’ils adhèrent au projet m’a paru alors difficile.
Et puis, les entraînements ont commencé, et après trois semaines d’exercices riches et variés, mes élèves avaient complètement changé de point de vue. Ils étaient ravis des moments de « dictée » mis en place quotidiennement et s’engageaient, sans s’en apercevoir, dans le projet. Les « courses » étaient très attendues et les résultats aussi ! La compétition avec d’autres élèves d’autres écoles n’a fait qu’accentuer leur motivation.
Pour moi, le bilan est positif car la participation à ce marathon orthographique m’a permis :
– de proposer un nombre de dictées très variées, empêchant une certaine lassitude ;
– de dédramatiser, pour certains, la dictée ;
– d’engager les élèves dans un projet qui les motive ;
– de favoriser les échanges élèves/élèves ;
– de développer des stratégies de réflexivité.
La démarche mise en place cette année sera réinvestie l’année prochaine et intégrée à l’emploi du temps quotidien car, même si le dispositif est très chronophage, j’ai réellement vu un changement dans l’attitude de mes élèves face à l’orthographe, notamment par le développement de stratégies réflexives mais surtout par la faculté à réinvestir ces stratégies dans d’autres disciplines. »
Pour ma part, je ne saurais terminer ce court bilan sans remercier les collègues qui ont accepté de participer activement à ce projet qui leur a demandé de parfois « bousculer » leur emploi du temps et leurs progressions d’apprentissage.
Merci à elles et à leurs élèves pour leur investissement et l’accueil qui m’a été fait au sein de chacune des classes.
Gérard Lamotte
Conseiller Pédagogique
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