Voici quelques petites phrases qui pourraient être entendues de la part d’enseignants non formés sur la précocité. Des énoncés qui semblent des évidences, et pourtant la précocité intellectuelle ou le haut potentiel reflète une réalité beaucoup plus complexe. Ces phrases volontairement caricaturales permettent de se questionner et de mieux définir la précocité intellectuelle.
1. S’il était vraiment précoce, il réussirait !
Les élèves à haut potentiel semblent vouer à la réussite, et pourtant, c’est loin d’être le cas. En effet, la moitié des élèves précoces est en difficulté d’apprentissage. Un quart est porteur d’un trouble (dys…), un tiers comporte un trouble du comportement et 30% n’accédera jamais au lycée.
2. Ce sont ses parents qui le poussent !
Ces enfants qui ont cette connaissance encyclopédique dans un ou plusieurs domaines amènent à penser que leurs parents les abreuvent de connaissances, afin qu’ils réussissent. En réalité, l’enfant précoce veut savoir. Les parents vont tenter de répondre, mais bien souvent, l’enfant se passionnera seul pour les encyclopédies ou les sites internet qui lui apporteront des réponses, toute réponse amenant une nouvelle question. Il développera alors des connaissances très étendues dans certains domaines. Cette nourriture intellectuelle est essentielle à son développement et souvent indépendante de la volonté des parents.
3. S’il est vraiment intelligent, il n’a pas besoin de moi !
Le Haut Potentiel est déterminé par la notion de QI. Pourquoi un QI supérieur nécessiterait-il l’accompagnement de l’adulte face aux apprentissages ? D’une part, parce que de nombreux QI d’enfants précoces ne sont pas homogènes, ce qui induit des lacunes. D’autre part, parce que si l’enfant précoce sait, il ne sait pas comment il sait, d’où sa grande difficulté méthodologique. C’est souvent la cause du décrochage scolaire des enfants précoces.
4. Lui précoce, mais il est complètement immature !
L’immaturité psychologique semble une des caractéristiques de la précocité. En réalité, le décalage entre une hypermaturité intellectuelle et une maturité psychologique ordinaire est flagrant. Il peut même être accentué par une position psychologique difficile induite par la précocité : l’enfant précoce possède une grande lucidité sur sa vie, il ressent le décalage avec ses pairs qui entraîne parfois une grande souffrance psychologique.
5. S’il était précoce, je l’aurais vu !
Ce n est pas si simple ! Quelques éléments troublent le diagnostic :
- la grande prévalence de troubles dys chez les enfants précoces les conduit parfois à la difficulté scolaire.
- les troubles du comportement positionnent quelquefois l’élève à haut potentiel en conflit direct avec l’enseignant et l’amènent à refuser les contraintes scolaires.
- certains enfants à haut potentiel comprennent si bien ce que l’on attend d’eux à l’école qu’ils se sur-adaptent au détriment de leurs capacités. Un élève de moyenne section peut tout à fait être lecteur et compter jusqu’à 1000 à la maison et ne montrer à l’école que ses capacités à la discrimination visuelle et le dénombrement jusqu’à 5.
6. Quelle insolence !
Particulièrement doué pour détecter les erreurs ou les contradictions des adultes, l’enfant précoce n’est pas habile dans sa manière de l’exprimer. L’adulte le vit comme de l’insolence, alors que l’élève pense être dans le vrai. Reconnaître ses propres erreurs, expliquer qu’il est compris et l’accompagner sur sa manière de s’exprimer avec l’adulte permettent de lever cette difficulté.
7. Des élèves précoces, je n’en ai jamais eus !
Statistiquement, les enfants précoces représentent 5% des élèves, soit environ 1 par classe. Mais de nombreux éléments viennent masquer leur identification. Pour autant, ce dépistage est essentiel pour la scolarité et le bien-être de l’élève et du groupe.
8. Les enfants précoces vont forcément mal !
D’après les points précédents, la précocité intellectuelle ressemble à un fardeau à porter toute sa vie, avec mal-être et difficultés à la clé. Mais il existe aussi des enfants précoces qui vont bien : ceux qui trouvent dans le milieu familial l’ouverture nécessaire pour leur permettre d’accepter les contraintes de l’école, ou ceux qui auront été repérés et dont la scolarité aura été aménagée pour un mieux-être.
9. D’accord, il est brillant dans un domaine, mais pour le reste ! …
Précocité intellectuelle ne rime pas avec homogénéité des performances. L’élève à haut potentiel a le plus souvent un profil dysharmonique. Plus les tests de QI sont homogènes, plus les compétences générales sont homogènes, mais ça n’est pas toujours le cas. Passionné dans un domaine, il y sur-développe ses capacités, tandis que les exercices de routine l’ennuient et qu’il ne s’y montre absolument pas performant.
10. Vu son milieu, impossible qu’il soit précoce !
La précocité intellectuelle présente un facteur génétique. Mais les élèves précoces ne sont pas l’apanage des CSP +. Un enfant précoce peut tout à fait être issu d’un milieu familial modeste ou défavorisé.